Entremetteuse

Parmi les plaies qui naissent de l’union d’une libellule et d’une fournaise, tu es la plus audacieuse. Tes pas sont des vérités bonnes à dire. Dans les couloirs où tu couves, l’oubli n’est plus une trompette ; c’est un gant de caramel. Tu es si belle que ton front fond, l’épervier s’envole de tes cils pour faire place à une commode en mélèze. Tu ris du malaise d’autrui, un kiwi te donne la réplique, car il fait déjà jour au bout du tremplin. Égale à nulle autre prétexte, tu es le papier carbone qui dédouble les personnalités. Ton parfum fait faillite. Tes hauts-talons poinçonnent les lièvres à la fourrure écossaise ; c’est un kilt que tu portes sous ton vertige. Tu parles de pleine lune alors qu’il est déjà trop tard, les flûtes de pan font la roue pour te narguer. Ton cœur est un chœur, ton corps un cor. Brûle-nous de ton languissement !

Même si un obus suffirait amplement à ton plaisir, tu te contentes d’une fléchette. Bien que tu connaisses déjà les réponses du quiz, tu envoies un calisson en orbite pour ne pas effrayer les lutins en coulisse. Sur les poutres qui s’enveniment de ton odeur, tu danses en permanence, le troupier s’effondre alors à ta portée. Tu es la raison pour laquelle une colombe se tache de violet et nage, l’âme en peine, à la recherche d’un timbre de voix dans l’écho de sa propre douceur. Tu es l’alvéole de tendresse dans l’antichambre du désir ; un carreau cassé qui permet aux abeilles de s’entrelacer autour du nombril de Jupiter. Dès l’aube, tu médis l’aurore, dès lors tu mendies ta plume au chevet des sourds. Surdouée depuis l’arrêt du train à vapeur, tu appelles au calme, comme une double croche faisant la morale à une clé de sol. 

Il suffit d’un moment pour que l’entente se change en écoute. Tu es une prière en latin, un rideau de fer entre l’isoloir et le parvis. Les marches qui mènent à tes épaules sont faites de ton instinct, à jamais froissées comme le chiendent. Tu es une pétale de blouse, un hochet merveilleux qui domine les fuyards et les avalanches. Ton adrénaline est l’ivresse dont les manoillons s’abreuvent. Tu es l’absente dont la présence indiffère, mais l’indifférence se présente à toi comme une absence. Le manteau qui te couvre est un pense-bête annuel, tu y écris l’histoire d’une généralisation. Tu es un cadran solaire invivable, une poignée de tes cheveux suffirait à faire rire le premier rang d’une salle de cinéma. Tu es tout ce qu’il se fait de plus trépidant, tu es un analgésique dans une sarbacane. Tu as le droit de faire un vœu, veux-tu signer tes aveux ?