Si le soleil meurt

Si le soleil meurt, j’irai planter des pins devant la porte qui s’ouvre sur le passé et ses troupeaux de brebis aux tétines séchées par la canicule. L’homme de glace viendra honteusement s’établir entre les fontaines de sel et rendre aride sa propre ombre en faisant pleurer les mouettes rieuses.

Si le soleil meurt, je rendrai au sextant son pouvoir diurétique afin qu’il devienne le bras droit du molesteur d’horoscope, indompté et indomptable. De la grande place où se rencontre les avares, on sentira les vents tourner et faire pivoter les monocles.

Si le soleil meurt, je ferai de la contemplation un sport de charme dont seule une allumette pourrait en définir les propriétés. De l’œil endolori du muet s’ecoulera l’armistice infructueuse des bals aux valses à quatre temps.

Si le soleil meurt, je tuerai la lune à la courte paille, les pantins en resteront pantois, leurs moustaches se changeront en casse-noix. Une fois l’alouette plumée, le robinet interdit de lassitude s’arrêtera de couler mais restera le fleuve de mes nuits.

Si le soleil meurt, je demeurerai patient jusqu’à la ristourne, inéluctablement conjoint de la ritournelle. A chaque palier, c’est un bastion de plus qui se dérobe sous les poiriers, la vigne poussera là où les étoiles naissent, si le soleil meurt.