Encolure moustachue

Je n’ai pas ouvert une huître de la nuit; le coq était bien trop comateux pour colmater les épis de soie de sa fourchette de molleton. J’avais beau compter et recompter les moustaches du mulot, j’arrivais toujours à la même encolure. C’était comme une boucle de lacet avec un nœud double défait. Parfois, à travers la visière trouée de ma casquette à la mode, je pouvais entrevoir les coupelles rieuses qui volaient au-dessus des hautes cheminées en se moquant bien des dévaloirs à composte qui animaient les soirées répétitives passées dans le coin d’une cave.

Encore plusieurs moustaches de comptées et toujours la même encolure. Je deviens peu à peu pulpeux, ultraviolet de frustration; cet algèbre de barbier me rend complètement contraceptif. Il me faut un laxatif et une lance à incendie pour faire passer l’embolie. Mon désaxement est tel que les boussoles deviennent des toupies, plus besoin donc de prétendre comprendre les saisons. Je me ressaisis pourtant le temps d’un hiver mais les giboulées reviennent vite placarder leur lèvres de givre sur ma bonne volonté. Encore une encolure, ou est-ce une moustache? J’ai perdu le compte.

Cette marâtre me sert le torse comme un corset, mais les coupelles rieuses me redonnent un sourire de triomphe. J’entends la victoire me jouer une mélodie de fourrière; faudrait-il la museler ? Personne ne me répond. Même les motifs floraux de la tapisserie prétendent ne pas m’entendre. Alors, je deviens celui que l’on évince au fur et à mesure que les équinoxes se sextuplent. Devrais-je aussi les compter ? Assez de ces encolures ! Pendant que les queues de pies se dandinent sur un tapis roulant, je vois passer des roulements de tambour annonçant le début d’une ligne à haute tension. Encore un subterfuge pour m’affaiblir, mais je ne suis pas cruel, je lui laisserai sa toison de fuel. Bienvenue dans ma marée noire. Un mulot de moins, une encolure de plus.