Archibald Blondinet

Surrealist artist & writer


Trio Malgache

  • Trio Malgache

    La réverbération de cette musique métallique entre les genres, est aussi jouissive que la montée des marches qui mènent en haut des tubes à essai enchevêtrés parmi les joncs, comme des colonnades convulsives qui se répètent à l’infini. Le vent en poupe, c’est une paraplégie de l’observation auditive qui, tel un intrus pénétrant du regard…

  • Si le soleil meurt

    Si le soleil meurt, j’irai planter des pins devant la porte qui s’ouvre sur le passé et ses troupeaux de brebis aux tétines séchées par la canicule. L’homme de glace viendra honteusement s’établir entre les fontaines de sel et rendra aride sa propre ombre en faisant pleurer les mouettes rieuses. Si le soleil meurt, je…

  • Encolures moustachues

    Je n’ai pas ouvert une huître de la nuit ; le coq était bien trop comateux pour colmater les épis de soie de sa fourchette de molleton. J’avais beau compter et recompter les moustaches du mulot, j’arrivais toujours à la même encolure. C’était comme une boucle de lacet avec un nœud double défait. Parfois, à…

La réverbération de cette musique métallique entre les genres, est aussi jouissive que la montée des marches qui mènent en haut des tubes à essai enchevêtrés parmi les joncs, comme des colonnades convulsives qui se répètent à l’infini. Le vent en poupe, c’est une paraplégie de l’observation auditive qui, tel un intrus pénétrant du regard un chœur palpitant d’hyperactivité, nous baigne dans une vaste bassine où l’écho des ondes est l’écho de tout un chacun. L’amplification sélective d’ultrasons n’amoindrit en rien l’épouvantable répétition perpétuelle en vigueur à chaque note fluctuant entre l’aigu le plus céleste et le grave le plus abyssal ; du moins, c’est ce qui semble perdurer continuellement.

C’est un univers partiellement diluable par l’algorithme le plus quelconque, tout en étant totalement indissociable du silence momentané le plus complexe. Sa fin est en elle-même le commencement de sa terminaison originelle. En prêtant une oreille aussi neutre que possible, on observe au ralenti l’abasourdissante accélération graduelle d’une perte de vitesse musicale, accompagnée par une similitude démesurée entre chaque note. Cela évoque la voix des usines se mêlant aux cris des hélices de ventilation et aux hurlements d’engrenages mal huilés, frappés à coups de massue par un ouvrier en armure de chevalier, dont la cotte de maille grince péniblement à chaque explosion des biches de cristal.

Les renards chanteurs y perdent leur voix sibylline, mais y trouvent un confort sonore inégalé. La pollution devient soudain inexplicablement respirable et anodine dans ce film audio en noir et blanc dont on a enlevé la couleur. C’est un échiquier où toutes les cases sont noires et où les jonquilles ne peuvent survivre. C’est une musique d’attelage de zébus robotiques endormis dans une machine à laver en mode essorage. Elle engendre des troubles du comportement chez les saltimbanques épileptiques, et force le chat à se débotter et à marcher le long des hangars de tôle ondulée en rayant leurs façades avec une clé à molette rouillée.

Je profiterai donc volontiers de cet interstice paranoïaque pour siroter un peu de ouille.