Archibald Blondinet

Surrealist artist & writer


Si le soleil meurt

  • Si le soleil meurt

    Si le soleil meurt, j’irai planter des pins devant la porte qui s’ouvre sur le passé et ses troupeaux de brebis aux tétines séchées par la canicule. L’homme de glace viendra honteusement s’établir entre les fontaines de sel et rendra aride sa propre ombre en faisant pleurer les mouettes rieuses. Si le soleil meurt, je…

  • Encolures moustachues

    Je n’ai pas ouvert une huître de la nuit ; le coq était bien trop comateux pour colmater les épis de soie de sa fourchette de molleton. J’avais beau compter et recompter les moustaches du mulot, j’arrivais toujours à la même encolure. C’était comme une boucle de lacet avec un nœud double défait. Parfois, à…

  • Figurant

    La douceur des fous est telle qu’il s’échappe de leurs mitaines une fumée contorsionniste très agréable. Bientôt, un figurant finira son verre d’Ouzo et ira, fougueusement s’asseoir dans une carrière pour réfléchir aux dimensions de sa future pergola. Il étendra sa nappe de pique-nique sur les genoux d’une speakerine, tachetée de paraffine, pour qu’elle ne…

Si le soleil meurt, j’irai planter des pins devant la porte qui s’ouvre sur le passé et ses troupeaux de brebis aux tétines séchées par la canicule. L’homme de glace viendra honteusement s’établir entre les fontaines de sel et rendra aride sa propre ombre en faisant pleurer les mouettes rieuses.

Si le soleil meurt, je rendrai au sextant son pouvoir diurétique afin qu’il devienne le bras droit du molesteur d’horoscope, indompté et indomptable. De la grande place où se rencontrent les avares, on sentira les vents tourner et faire pivoter les monocles.

Si le soleil meurt, je ferai de la contemplation un sport de charme dont seule une allumette pourrait en définir les propriétés. De l’œil endolori du muet s’écoulera l’armistice infructueuse des bals aux valses à quatre temps.

Si le soleil meurt, je tuerai la lune à la courte paille, les pantins en resteront pantois, et leurs moustaches se changeront en casse-noix. Une fois l’alouette plumée, le robinet interdit de lassitude cessera de couler, mais restera le fleuve de mes nuits.

Si le soleil meurt, je demeurerai patient jusqu’à la ristourne, inéluctablement conjoint de la ritournelle. À chaque palier, c’est un bastion de plus qui se dérobe sous les poiriers, la vigne poussera là où les étoiles naissent, si le soleil meurt.